La ZFE est un outil de pilotage et de planification qu'il faut rendre socialement acceptable.

Conseil de Métropole du 15 Mars 2021

Délibération  N° 2021-0470

 Amplification de la zone à faibles émissions (ZFE+) – Objectifs et démarche 2021-2026

Intervention prononcée par Mathieu Azcué pour le groupe Métropole en commun

 Merci M. le président, M. le Vice président Kohlhaas, Chers collègues,

Cette délibération cadre sur le renforcement de la Zone Faible Émission appelle en premier lieu un constat sur la situation climatique, énergétique et sociale qui rend cette délibération essentielle.

Le changement climatique est commencé, il est irrémédiable. Du fait même des conditions physiques, les émissions de ces 30 dernières années auront des effets jusqu’en 2050. Il s’agit donc de sauver les meubles sans quoi nous aurons rendu la planète inhabitable pour l’homme. Le changement climatique est commencé mais déjà la biodiversité s’est effondrée, la fonte des glaciers, des calottes polaires et du permafrost inquiète les scientifiques, nous vivons déjà des conditions météorologiques extrêmes. Les effets sur la santé sont déjà là, au moins 48 000 décès prématurés lié à la pollution de l’air, décès liés à des vagues de chaleurs, invasion du moustique et augmentation des maladies qu’il propage, baisse des rendements agricoles qui entraîne des famines dans les pays en développement. Côté climatique, nous sommes donc au pied du mur mais pour autant c’est le business as usual qui prédomine. La voiture individuelle représente 25% des émissions, nos concitoyens y sont fortement attachés. Dès lors on voit poindre les éléments du débat. Nous devons lutter contre le réchauffement climatique mais le prix au niveau individuel passe notamment par une contrainte sur nos déplacements. Il faut changer de culture. Le véhicule individuel ne peut plus être la norme sociale ultra majoritaire.

La question énergétique quant à elle, condition de notre puissance d’agir, risque à très court terme de nous contraindre de force là où la prise de conscience du réchauffement climatique devrait nous permettre d’organiser, de planifier. En effet, selon l’agence internationale de l’énergie, nous avons atteint le pic de production de pétrole conventionnel entre 2006 et 2008 et nous allons atteindre le pic pétrolier toute production, c’est-à-dire y compris les pétroles de schiste américains et les sables bitumineux du canada, autour de l’année 2025. La prévision datant du monde d’avant la pandémie, certains analystes n’hésitent pas à dire que nous sommes actuellement en train de vivre le pic de production. Quoi qu’il en soit la décennie 2030 sera celle du stress pétrolier, autour de 20% de pétrole en moins) qui aura des conséquences complexes sur nos modes de production et sur nos vies quotidiennes. Le pétrole étant aujourd’hui l’énergie d’excellence pour le transport, le véhicule thermique tel que nous le connaissons vit peut être sa dernière décennie.

De grès ou de force, nous serons contraints. Reste désormais le paysage social. 10 millions de pauvres, 10% des enfants vivent des foyers pauvres, 6 millions de chômeurs. Avec la pandémie, nous atteignons les 2 millions de foyers au RSA. Bref, la pauvreté est endémique, nous l’avons déjà dit ici, dans la 6e puissance économique mondiale. Les plus pauvres de nos concitoyens sont également celles et ceux qui n’ont pas de véhicules, qui dépendent des transports en commun. On ne peut que se féliciter du travail réalisé par cette nouvelle majorité pour rendre l’accès aux transports gratuits pour la population la plus fragilisée. Je voudrais insister sur la situation des classes moyennes pour qui la contrainte d’une modification des habitudes de déplacement sera la plus difficile. Pas assez riche pour changer de véhicules, pas assez pauvre pour bénéficier de mesures de gratuité sur les transports. L’OCDE nous annonce en 2019, en plein crise des Gilets jaunes, que le pouvoir d’achat des classes moyennes a baissé, et ce dans tous les pays occidentaux, pendant que les revenus des 10% les plus riches poursuivaient leur croissance.

J’en arrive à l’objet de cette délibération. De gré ou de force nous serons contraints sur nos déplacements. La Zone Faible Émission, pour le groupe Métropole en commun, est l’outil de pilotage et de planification qui nous permettra de faire bifurquer nos modes de déplacements. A nous de faire désormais le nécessaire pour que cette bifurcation soit socialement acceptable.

Au-delà des aides qui seront apportés par l’état, le groupe Métropole en commun compte sur les différentes phases de la concertation pour produire de l’innovation sociale sur notre territoire. En cela, la garantie de la commission nationale du débat publique permettra de montrer le sérieux de la concertation. Nous avons toute confiance dans le travail et le dialogue que la vice présidente Boffet mettra en œuvre.

Au-delà, M. le président, chers collègues, notre groupe portera dans les discussions 3 sujets en regard de l’accompagnement social nécessaire à toute la population :

  • La création d’une régie publique du dernier kilomètre permettant à chacun de pouvoir être accompagné vers un transport en commun quand les personnes en sont très éloignées.

  • La poursuite de la gratuité dans les transports en commun avec une visée de mise en gratuité la plus large possible.

  • Que l’ensemble des mesures d’accompagnement social issues de la concertation soient mises au débat dans la construction de la future délibération.

Reste une philosophie globale, celle de la dé-motorisation et nous pensons que les mesures d’accompagnement, hors situation spécifiques à déterminer, ne doivent pas aller au remplacement d’une voiture polluante vers une voiture moins polluante mais à moins de voitures globalement. C’est un changement de paradigme complet qui doit s’accompagner au plus vite de la revitalisation des centres bourgs et des quartiers de sorte à ce que chacun, chacune puisse faire ses courses, accéder à des loisirs, voir travailler dans un rayon de 15 minutes à pied, à vélo de son domicile. C’est cette métropole du quart d’heure qu’il faut construire et non un modèle basé sur la maison individuelle très éloignée du travail, impliquant de forts mouvements pendulaires et où l’on fait ses courses dans une grande surface à l’autre bout de la ville.

J’achève.

De gré ou de force nous serons contraint alors prenons notre destin en main et faisons en sorte que nos enfants puissent vivre dans un monde désirable. M.le président, sur ce sujet si structurant pour les années à venir, le groupe Métropole en commun vous soutient.

Je vous remercie.

Groupe Métropole en commun

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69003 Lyon


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