La capacité de se déplacer est un bien commun à protéger

Conseil de Métropole du 14 et 15 mars 2022

Délibération N° 2022-0989 :

Lyon, Villeurbanne, Caluire-et-Cuire, Bron, Vénissieux – Première étape du projet d’amplification de la zone à faibles émissions (ZFE) de la Métropole de Lyon aux véhicules particuliers et 2 roues motorisés de Crit’Air 5 et non classés – Individualisation complémentaire d’autorisation de programme

Intervention prononcée par Mathieu Azcué pour le groupe Métropole en commun

Merci M. le Président, M. le Vice-Président Kohlhaas, chers collègues,

Après la première délibération de mars dernier, qui a permis le lancement des concertations sous l’égide de la commission nationale du débat public, nous voici face à la délibération qui organise très concrètement l’injonction européenne, puis nationale via la loi LOM, de diminution de la pollution atmosphérique dans notre métropole. C’est une excellente chose pour la santé de toutes et tous.
 
C’est l’occasion pour le groupe de saluer le travail mené par les vice-présidents Kohlhaas et Boffet avec conviction et efficacité dans toute la métropole. Ce fut des temps à la fois d’informations, de concertations, de débats et nous ne pouvons que nous en réjouir tant les enjeux sont importants.

Comme vous le savez, le groupe métropole en commun entre dans le sujet avec trois prérequis politiques.

D’abord nous considérons que la question des mobilités est un sujet systémique et collectif.
L’injonction à ne plus utiliser son véhicule personnel n’est pas efficace. Il s’agit d’abord pour la collectivité de proposer des alternatives réelles, durables et qui satisfassent nos concitoyens. L’action qui est menée depuis 2 ans par la majorité va dans ce sens avec le chantier des voies lyonnaises, les nombreux réaménagements de voirie et le développement de l’offre de transports en commun. Il faut aller plus loin, mais pour cela il faut la volonté de tous nos partenaires, je pense ici au chantier du RER à la lyonnaise. La création d’une régie publique des mobilités qui aura parmi ces missions l’accompagnement des personnes qui doivent changer de mode de déplacement ou de véhicule est une très bonne chose.

Ensuite, nous considérons que la capacité de se déplacer, comme le fait d’être soigné, d’être éduqué ou d’avoir accès à l’eau, est un bien commun à protéger.

Sur ce sujet, nous avons deux désaccords.

Le premier porte sur l’allotissement des TCL. Nous remercions également le vice-président Kohlhaas qui s’est rendu disponibles à plusieurs reprises pour échanger et argumenter sur ce choix. Pour autant, nous avons rencontré également les forces syndicales pour échanger et comprendre les enjeux essentiels pour les salariés. Ces entretiens avec le vice président comme avec les syndicats ont conforté notre groupe Métropole en commun dans sa conviction qu’une régie publique des transports est indispensable pour une reprise en main stratégique des mobilités par les citoyens et ses représentants.
Nous l’avons fait pour l’eau, cela aurait pu être possible pour les transports. Avec l’allotissement, l’horizon d’un service public s’éloigne. Pour notre part, nous ne pouvons-nous y résoudre.

Le deuxième désaccord, c’est la question de la gratuité des transports en commun pour tous. Nous considérons qu’il s’agit d’un levier puissant de changement des modes de déplacements pour nos concitoyens dans le contexte de la ZFE. Au-delà, dans la période actuelle, c’est clairement une mesure de pouvoir d’achat et de redistribution des richesses via l’imposition. Rappelons-nous collectivement que cinq milliardaires français possèdent autant de richesse que 40% de nos concitoyens.

Enfin, nous voyons la ZFE comme un moyen de planification dans un monde contraint énergétiquement sans quoi ce sera chacun pour soi et un environnement subit pour la majorité des habitants. Ici rien d’original, les scientifiques le disent depuis 20 ans. Nous sommes désormais au pied du mur.

Nous le disions il y a un an. La triste actualité nous a montré que les sujets sont tous entrelacés. La tresse composée du changement climatique, de la contrainte énergétique et des crises géopolitiques doit nous amener à accélérer très fortement la décarbonation de nos économies et la réduction de notre consommation énergétique. C’est un enjeu de souveraineté nationale et nous payons aujourd’hui notre dépendance. L’énergie représente presque 40% du total de notre déficit commercial.

Un mot pour terminer sur cette délibération ZFE 5+. Nous saluons une délibération équilibrée et qui fait la part belle à l’accompagnement de nos concitoyens. La création de la régie publique des mobilités, les dérogations « petits rouleurs », le financement des aides aux changements de véhicules ou pour aller vers d’autres mobilités nous apparaissent aller dans le bon sens. En conséquence de quoi, le groupe Métropole en commun votera pour cette délibération. Pour autant, il faudra poursuivre nos échanges et faire de ce grand chantier une réussite au service de nos concitoyens.

Je vous remercie

Groupe Métropole en commun

20 rue du lac

69003 Lyon


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