Changer ou mourir : l'heure est venue de forger un avenir climatique juste et durable (PCAET)

Conseil de Métropole du 25 Septembre 2023

Délibération N°2023-1869
Révision du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET)

Intervention prononcée par Laurence Boffet pour le groupe Métropole en commun

Monsieur le Président, cher.e.s collègues,

La délibération a le mérite de rappeler des faits têtus : Le rapport annuel 2023 du Haut Conseil pour le climat souligne qu’un « réchauffement de près de 2°C à l’horizon 2030 est pratiquement inévitable pour la France. D’ici la fin du siècle, ce réchauffement sera de l’ordre de 4°C en moyenne sans inflexion des politiques publiques actuellement mises en œuvre. ».

Les introductions sont de plus en plus précises et au fur et à mesure que le changement climatique devient concret dans nos pays tempérés, les chiffres, les faits et les effets sont de plus en plus difficiles à nier.

Le PCAET actuel, révisé en 2019 de mémoire, proposait déjà des éléments importants stratégiques et opérationnels de la planification écologique, avec plus de 150 partenaires. En ce sens, il est l’un des documents les plus complets dans ce type d’exercice. On peut totalement le saluer.

Mais à quoi sert ce type de document dans le fond ? Est-ce qu’il peut nous rappeler sur différentes injustices, sur les inégalités, sur la question globale ou encore pour les générations futures ? 

La première d’entre elle : les inégalités augmentent et avec elles ce rappel que les populations les plus aisées contribuent fortement par leur mode de vie à la production des GES, souffrent peu des pollutions ou arrivent à s’en prémunir alors que d’autres en sont particulièrement victimes avec en plus la dégradation des conditions de vie à mesure de l’augmentation de ces inégalités (pour ne prendre que deux exemples : difficulté à se protéger de la chaleur, difficulté d’accès à une alimentation adéquate). 

La deuxième injustice est plus globale : il faut rappeler que les pays riches sont en grande partie responsables de la situation créée par leur mode de développement et il leur revient donc à la fois de prendre la plus grande part dans la réduction des émissions de GES en même temps que de contribuer au coût de l’adaptation des pays dît du « sud ». Alors que je l’avais déjà souligné lors de la révision du PCAET 2019, on peut constater que malheureusement ce n’est toujours pas appliqué. Au contraire, l’accaparement des terres, la destruction des ressources continuent alors que nous voyons déjà et plus vite que prévu les limites de nos modes de vie basés sur les prédations sur d’autres continents. Ce ne sont pas ni les dernières déclarations du PGD de Total Énergies d’une part ni celle de notre Président de la République vis-à-vis de l’Afrique d’autre part qui peuvent nous rassurer. L’urgence est de construire. Comment faire différemment à la fois parce qu’il le faut mais aussi parce que ceux de qui nous dépendons ne le veulent plus. 

Enfin la troisième est générationnelle : il est très difficile de changer notre Europe vieillissante et plutôt aisée et pour l’instant chanceuse de son climat en anticipation pour les générations futures. Quelle injustice dès lors que les conséquences de ne rien faire sont connues envers les générations futures.

Dans ce nouveau PCAET dont cette délibération lance la révision, tente d’aller bien au-delà de son périmètre précédent pour rester exemplaire : outre l’objectif de neutralité carbone en 2050 que toute l’Europe a dans le viseur, il intègre

  • Dans les objectifs chiffrés ce que l’on appelle le « scope 3 », c’est-à-dire l’intégration des émissions de GES importées dans le territoire et pas seulement produites ou consommées par la Métropole. Les émissions que l’on fait produire ailleurs – les prédations dont je parlais plus haut en font partie – font un total sensiblement différent de GES à réduire ! Le rapport change de 1 à 3.
  • Des outils de mesure et d’évaluation (par exemple outil de cotation) permettant à tous les acteurs de se positionner par rapport aux objectifs et vérifier s’ils les atteignent.
  • D’intégrer plus fortement le volet adaptation mais derrière cela la mesure des impacts sociaux du dérèglement climatique et donc la prise en compte que le PCAET doit proposer des orientations qui ne sont pas un facteur d’aggravation des inégalités.
  • Un moment de mobilisation des habitant.es (à prendre au sens large du terme) de la Métropole de Lyon pour comprendre, prioriser, débattre, échanger et partager sur les questions d’atténuation mais surtout d’adaptation au changement climatique. De ce point de vue les populations, en particulier la jeunesse, sont plus prêtes et plus mobilisées que nombre de décideurs. La Métropole doit leur donner les moyens de le montrer et de le faire.

En conclusion, je voudrais reprendre vous citer une phrase de Anne Hessel, la fille de Stéphane, qu’elle nous a lancé en conclusion d’un atelier sur les enjeux du dérèglement climatique, et qui caractérise l’optimisme inconditionnel de sa famille : « nous avons une chance unique, folle, formidable : changer ou mourir ! ». 

Monsieur le Président, si vous me le permettez, c’est encore possible, alors faisons-le.

Groupe Métropole en commun

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69003 Lyon


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